22

Donald Penny dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas paraître nerveux à l'aéroport, car il ne voulait surtout pas qu'on l'empêche de monter dans l'avion qui quittait Vancouver à destination de Los Angeles. Dans la salle d'attente, tandis que sa fille suivait le rythme de la chanson de son baladeur, il avait fait de nombreux appels à plusieurs entreprises qui louaient ou vendaient des autocaravanes et avait finalement découvert le véhicule idéal. Complètement autonome, celui-ci offrait suffisamment d'espace pour loger et coucher six personnes. Usant de tout son charme, il avait réussi à persuader le vendeur de venir le chercher à l'aéroport de Los Angeles afin de finaliser la transaction avec lui.

Le trajet pourtant court entre les deux villes lui parut durer une éternité. Le médecin s'efforçait de ne pas songer à toutes les mauvaises choses qui pourraient se passer jusqu'à ce qu'il serre enfin son épouse dans ses bras. Il se tournait sans cesse vers sa fille qui s'était endormie près de lui. En apprenant l'enlèvement de son meilleur ami, Mélissa avait exigé de connaître le moindre détail du rapt, puis s'était enfermée dans un étrange mutisme, comme si elle se sentait coupable de cette tragédie. Donald évita de la tarabuster pour qu'elle accepte de partager ses émotions avec lui, persuadé qu'elle se confierait probablement à sa mère.

L'adolescente parut revenir à la vie lorsqu'ils arrivèrent sur le terrain de montre du vendeur de véhicules récréatifs, en Californie. Pendant que son père réglait les derniers détails financiers de son achat, elle grimpa dans l'autocaravane et ouvrit toutes les portes des armoires.

— Il n'y a rien là-dedans, annonça-t-elle à son père lorsqu'il s'installa finalement sur le siège du conducteur.

— C'est un vendeur de motorisés, pas un magasin général, ma chérie. Lorsque nous aurons récupéré le reste de l'équipage, nous irons ensemble acheter tout ce dont nous aurons besoin.

Mélissa descendit dans l'habitacle, se glissa sur le siège du passager et boucla sa ceinture.

— Pourquoi devons-nous nous cacher au lieu de secourir Aymeric ? laissa-t-elle tomber alors qu'ils s'aventuraient sur l'autoroute.

— Parce que nous n'avons aucun pouvoir magique, évidemment.

— Tu m'as enseigné qu'il ne faut jamais laisser tomber ses amis. As-tu changé d'idée, par hasard ?

— Non, mais je vois mal ce qu'on peut faire lorsqu'ils sont aspirés dans un tableau. Nous nous sommes séparés les tâches, et la mienne, c'est de vous déplacer partout à travers le pays pour que le sorcier ne vous trouve pas.

— Mais pourquoi s'en prendrait-il à nous alors que nous ne lui avons rien fait ?

— Cette créature sans foi ni loi se servira de tout ce qu'elle peut pour démoraliser son adversaire. Mon devoir est de m'assurer que Terra puisse finir la partie sans qu'on lui enlève d'autres êtres chers.

— J'en fais partie ? s'étonna Mélissa.

— Depuis ton tout premier souffle. Je sais que ta mère et moi t'avons raconté cette histoire des centaines de fois quand tu étais petite, mais s'il ne t'avait pas aimée, il n'aurait pas risqué sa vie pour te sauver.

— Mais depuis quelques années, il ne s'occupe pas tellement de moi.

— J'avoue que notre grand savant est plutôt désemparé devant l'adolescence, mais si je me fie à ma propre expérience, après avoir perdu mes parents de vue jusqu'à l’âge de vingt ans, nous sommes ensuite redevenus très proches.

— Moi, je ne veux pas que cela m'arrive.

— À ta place, je ne m'inquiéterais pas trop, car tu n'as pas été élevée comme moi.

— Qu'allons-nous visiter ?

Les jeunes passaient si rapidement d'un sujet à un autre qu'ils étaient parfois difficiles à suivre. Toutefois, Donald ne se décourageait pas facilement et il faisait vraiment son possible pour entretenir une bonne communication avec sa fille.

— Nous allons commencer par la Californie, et si ce n'est pas assez long, nous nous attaquerons aux États voisins.

— J'ai toujours rêvé de voir le Grand Canyon !

— Alors, nous commencerons par là.

La gaieté de l'adolescente ne dura pas longtemps. Au bout de quelques minutes, elle remit son casque de baladeur sur sa tête et s'évada dans l'univers sonore de sa musique préférée. Donald alluma la radio afin de s'informer des dernières nouvelles locales. Il y avait eu plusieurs accidents, mais pas sur l'autoroute qu'il empruntait. La circulation en Californie était plus lente que dans son petit coin de la Colombie-Britannique, alors il prit son mal en patience.

Grâce au GPS du véhicule, Donald parvint à se rendre assez facilement au nouvel hôtel d'Anaheim dans lequel les femmes s'étaient réfugiées. Pour ne pas les effrayer, il exigea que le préposé à la réception l'annonce par son nom. Quelques minutes plus tard, Nicole sortit en trombe de l'ascenseur et lui sauta dans les bras en le serrant de toutes ses forces.

— Tu n'as plus rien à craindre, murmura-t-il à son oreille. Je vais veiller sur vous jusqu'à ce que cette épreuve soit terminée.

Nicole étreignit aussi sa fille, heureuse qu'elle ne soit plus à Nouvelle-Camelot, où elle était une proie bien trop facile pour le sorcier. C'est en se regroupant qu'ils arriveraient à le déjouer. Elle prit les mains de Donald et de Mélissa dans les siennes et les entraîna jusqu'à la chambre qu'elle partageait avec les Wilder.

Amy recommença à respirer lorsqu'elle constata que l'arrivée du médecin n'était pas une ruse de l'ennemi. Quant à sa fille, elle était assise sur le lit, désenchantée. Mélissa s'empressa de prendre place près d'elle.

— Pouvons-nous rentrer, maintenant ? demanda Béthanie, une lueur d'espoir au fond des yeux.

— Je crains que non, soupira Donald, mais je vous promets que nous allons bien nous amuser.

— Il a acheté une autocaravane, révéla Mélissa.

— Ah bon, s'étonna Nicole.

— Il nous faudra prendre quelques minutes pour l'équiper convenablement, mais le moteur est en parfaite condition.

Donald fouilla alors dans la poche intérieure de sa veste et en retira une photographie de l'alchimiste disparu prise par Katy.

— Avez-vous vu cet homme depuis que vous avez quitté Disneyland ? s'enquit-il.

Le cliché voyagea entre toutes les mains. Heureusement, l'une après l'autre, elles secouèrent la tête à la négative.

— Nous évitons tout le monde, en ce moment, affirma Amy.

— C'est une excellente nouvelle, se réjouit le médecin. Aviez-vous des plans pour la journée ?

— Nous étions justement en train de choisir un film sur la chaîne de l'hôtel.

— En fait de vacances, j'ai déjà vu mieux, grommela Béthanie.

— Il y a un téléviseur dans le motorisé, leur apprit Donald. Nous achèterons quelques films en même temps que la vaisselle, les draps et les serviettes.

Un sourire rassurant s'esquissa sur son visage.

— Mesdames, il est temps que nous visitions les États-Unis ! déclara-t-il en levant les bras au plafond.

— Les États-Unis ! s'exclamèrent-elles, en chœur.

— Tant que je n'aurai pas de nouvelles du magicien, nous devrons constamment être en mouvement. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais personnellement, je préférerais éviter de faire le tour de la Californie vingt fois alors qu'il y a d'autres États américains à visiter.

— Est-ce qu'on pourrait aussi explorer notre propre pays ? ricana Béthanie.

— Pourquoi pas ? Nous allons nous procurer des cartes routières du Canada et planifier ce périple tous ensemble.

— Quand partons-nous ? s'enquit Nicole.

— Tout de suite, si vos valises sont prêtes.

Fort heureusement, les femmes n'avaient pas apporté avec elles tous les vêtements qu'elles possédaient. Il ne fut donc pas difficile d'entasser les bagages dans le coffre du véhicule.

— C'est étonnamment confortable, remarqua Amy en prenant place à la petite table.

Nicole alla s'asseoir devant elle, tandis que les filles s'élançaient sur le grand lit, tout au fond.

— Cette table se transforme en couchette et on peut aussi dormir dans le compartiment situé juste au-dessus de l'habitacle, expliqua fièrement Donald.

— C'est vraiment plus plaisant qu'une chambre d'hôtel, en tout cas, lança Béthanie.

— Attendez de poser les yeux sur les merveilles de la nature.

Le médecin alla s'installer derrière le volant.

— Mais allons d'abord faire quelques emplettes.

Comme le médecin s'y attendait, cette activité redonna de l'entrain aux quatre femmes. Il se contenta de pousser le chariot pendant qu'elles choisissaient la vaisselle et les verres en plastique, les casseroles, les draps de bain, la literie et les films. Puis, ce fut l'épicerie. Le réfrigérateur et le congélateur de l'autocaravane n'étant pas très grands, Donald dut leur imposer des limites.

— Il va bientôt faire nuit, les avertit-il.

— Est-ce qu'il faut s'arrêter quand il fait noir ? voulut savoir Mélissa.

— Pas si on n'est pas encore rendus là où on veut aller.

Le seul article que Donald avait acheté pour lui-même était un guide d'hébergement pour les motorisés. Il y avait justement un terrain d'accueil à environ une heure, au bord de l'océan. « Le bruit des vagues leur permettra de trouver plus facilement le sommeil », songea-t-il. Il entra donc les données sur le GPS et se mit tout doucement en route. Il pouvait entendre les bavardages des filles et la discussion un peu plus sérieuse de leurs mères, assises juste derrière lui. Ce caquetage, qui aurait fini par agacer n'importe quel conducteur, représentait pour le médecin le plus beau cadeau que le ciel puisse lui faire : sa famille et celle de Terra étaient saines et sauves.

Même si elle fréquentait davantage Aymeric que sa jumelle, en raison de leur passion commune pour les jeux électroniques, Mélissa avait souvent fait des confidences à Béthanie. Elles avaient un an de différence, mais physiquement, elles semblaient avoir le même âge.

— Je me sens tellement coupable de l'enlèvement d'Aym, avoua Mélissa à sa jeune amie en baissant la voix pour que les adultes ne l'entendent pas.

— Tu ne sers pas le sorcier, à ce que je sache.

— Non, mais j'étais fâchée contre lui et je ne l'ai pas invité à souper. Si j'avais été plus conciliante, les loups ne l'auraient pas attaqué et il n'aurait pas été obligé de se réfugier chez Galahad.

— Rien ne prouve que les loups ne vous auraient pas suivis chez toi, Méli. Vous auriez sans doute été enlevés tous les deux.

— Oui, mais au moins, je serais avec lui ce soir. Il doit se sentir affreusement seul.

— Mon frère n'est pas sans ressources. Il trouve le moyen de se sortir de n'importe quelle situation.

— Tu n'as pas un peu peur pour lui ?

— Si, je suis même terrifiée. Je pense aussi que mon père est trop vieux pour se lancer ainsi à l'aventure, bien que je comprenne qu'il n'ait pas le choix. J'aurais tellement voulu qu'il m'emmène pour que je puisse garder un œil sur lui. La police ne poursuit malheureusement pas ce genre de malfaiteurs.

Leurs mères, de leur côté, s'inquiétaient plutôt de la survie de toute la bande. Amy avait appris à bien connaître Terra depuis leur mariage. Elle savait que sous son apparence imperturbable sommeillait un courageux héros. Si quelqu'un pouvait lui ramener son fils, c'était bien lui, avec l'aide de ses alliés les plus fidèles. Galahad, même s'il avait conservé un visage d'enfant, était un chevalier aguerri. Il maniait toutes les armes anciennes avec adresse. Quant à Alissandre, malgré son manque d'expérience, il possédait d'extraordinaires pouvoirs.

Donald trouva enfin le parc pour les motorisés et se vit assigner un espace entre deux véhicules beaucoup plus imposants que le sien. Les deux femmes préparèrent alors leur nouvelle maison pour la nuit, tandis que le médecin branchait l'eau et l'électricité. Les filles grimpèrent aussitôt au-dessus de la cabine et s'y firent un nid douillet.

— Prends le grand lit avec Donald, indiqua Amy à Nicole.

— Il n'en est pas question, protesta le médecin. Je dormirai sur la table.

— Vous êtes un couple.

— Habituellement, oui, mais durant toute cette odyssée, je serai votre protecteur. Alors, si je veux intervenir rapidement au beau milieu de la nuit, je ne peux pas me permettre de partir du fond du véhicule. Il est préférable que je sois posté tout près de la porte.

— Je dois admettre qu'il a raison, acquiesça Nicole.

— Parfait. Pendant que vous vous installez pour la nuit, je vais aller faire un peu de reconnaissance.

Donald ne vit pas le sourire amusé de son épouse lorsqu'il sortit de l'autocaravane. Cette dernière savait à quel point son mari était sociable. Il n'aurait besoin que de quelques minutes pour connaître tous les noms de leurs voisins et ce qu'ils faisaient dans la vie. Nul doute qu'il rapporterait aussi leurs cartes de visite. Elle secoua la tête avec résignation et aida Amy à placer les draps sur les matelas.

Constatant que Mélissa s'était endormie au milieu de sa dernière phrase, Béthanie sauta de son perchoir et atterrit derrière sa mère.

— Moi, ce genre de roulottes me fait penser aux films de monstres préhistoriques, confessa l'adolescente.

— Ah oui ? s'étonna Amy.

— Les humains vont toujours s'y réfugier en croyant que le tyrannosaure ne les écrasera pas d'une seule patte dans cette grosse boîte de conserve.

Les deux femmes se retournèrent en même temps pour lui adresser des regards chargés de reproches.

— Je vais aller prendre un peu d'air, annonça Béthanie avec un sourire embarrassé.

— Non, c'est trop dangereux, ma chérie, protesta Amy.

— Pas si je reste avec oncle Don. Il est juste là.

La mère vérifia qu'elle disait vrai en se penchant pour regarder à travers le pare-brise. Donald était bien là, debout sur la plage à regarder au loin.

— Tu me le jures ?

— Sur mon honneur de chevalier.

— Bon, d'accord, mais tu rentres en même temps que lui.

— Ou lorsque le sol se mettra à trembler, car le roi des dinosaures approche…

— Béthanie !

L'adolescente se précipita dehors en riant.

— L'insouciance de la jeunesse, constata Nicole. Mélissa dort comme une bûche et Béthanie trouve le moyen de faire des blagues.

Contrairement à son frère, Béthanie aimait la nuit, surtout quand il faisait frais. Elle rejoignit le médecin et huma l'air à ses côtés.

— Le vent est salé, remarqua-t-elle avec bonheur.

— Ce que je recherche le plus, quand j'ai l'occasion de passer du temps au bord de l'océan, c'est le calme qu'il fait naître en moi.

— En parlant de quiétude d'esprit, est-ce que nous ne pourrions pas mettre la main sur un détecteur de sorcier ?

— Celui qui aurait pu nous en obtenir un est parti Dieu seul sait où avec ton père, Marco et Galahad.

— Un chien de garde, alors ?

— Si jamais nous en trouvons un sur notre route, pourquoi pas ? Ce que je veux, c'est que vous vous sentiez enfin en sécurité.

Ils gardèrent le silence pendant quelques minutes pour écouter le fracas des vagues qui venaient s'échouer sur la plage ainsi que les cris des oiseaux qui s'empressaient de trouver un abri pour la nuit.

— Je ne veux pas être pessimiste, mais que nous arrivera-t-il s'ils ne reviennent jamais ? s'étrangla Béthanie.

Donald l'attira dans ses bras et la serra avec tendresse.

— Nous traverserons ce pont en temps et lieu, Béthanie. En attendant, il faut que nous restions confiants que ces chevaliers savent ce qu'ils font. Il ne faut pas céder à de sombres pensées. Leur survie en dépend.

— Je fais de gros efforts pour demeurer brave, mais il y a une petite voix dans ma tête qui essaie de me faire peur.

— C'est dans ces moments-là qu'il faut écouter de la musique inspirante ou lire un livre qui nous emmène dans un monde lointain.

— Ou se laisser bercer par la mer…

— Exactement.

Voyant que cet adulte se dominait pour ne pas sombrer dans le découragement, Béthanie décida d'en faire autant.

Capitaine Wilder
titlepage.xhtml
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Robillard,Anne-Capitaine Wilder(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html